« Agir vite et fort pour réduire la consommation énergétique de la métropole dès cet automne et accélérer la transition énergétique et écologique, c’est ce que nous demandons à Olivier Bianchi. » affirme Eric Faidy.
Chaque famille, chaque entreprise, chaque association recherche depuis plusieurs mois toutes les opportunités de réduire sa consommation énergétique pour contribuer à l’effort national et réduire sa facture.
Nous nous étonnons que le maire de Clermont et président de la métropole aborde ce thème de manière très superficielle dans sa récente interview à la Montagne et uniquement pour envisager la baisse du chauffage dans les bureaux et l’arrêt de l’éclairage public la nuit. Il n’a pas pris conscience la gravité de la situation, ou en tout cas n’est manifestement pas mobilisé par le sujet.
Nous avons travaillé ces dernières semaines avec un groupe d’experts et mettons aujourd’hui dans le débat public
local 25 propositions de réduction de la consommation énergétique. La majorité d’entre-elles ne requiert pas de
dépense et sont applicables de suite.
Ces 25 propositions sont regroupées en 5 chapitres :
- Mettre en place 10 mesures avant le 1er novembre 2022
- Renforcer, dynamiser, accélérer les actions prévues dans le plan de transition énergétique et écologique métropolitain approuvé en 2019.
- Anticiper des décisions, étudier des actions complémentaires pour une mise en place l’an prochain.
- Agir sur les comportements citoyens par des actions renforcées de sensibilisation.
- Joindre les actes aux paroles pour financer la transition.
Les propositions du premier chapitre (Mettre en place 10 mesures avant le 1er novembre 2022) peuvent être activées sans délai. Ainsi des économies de l’ordre de 8 à 10% de la consommation peuvent être concrétisées immédiatement. Elles permettront de « passer l’hiver » et ainsi de répondre à la demande de la première ministre E. Borne.
Les propositions des chapitres 2 à 4 inclus demandent des délais de mise en œuvre ou un laps de temps pour produire
des effets. La crise est durable et ces mesures contribuent à la décarbonation de l’économie. Elles doivent être mises
en œuvre sans attendre plus longtemps.
Mettre en œuvre ces propositions demande des moyens humains et financiers alors que la santé financière de la métropole est délicate. Nous attendons d’Olivier Bianchi qu’il révise son plan pluriannuel d’investissement et qu’il revoit ses budgets de fonctionnement afin de privilégier les actions qui contribuent à la sobriété énergétique et à la transition écologique. Nous nous félicitons que l’Etat et l’Europe aient prévu d’apporter leur aide aux collectivités qui s’engagent.
Méthode : Collecter les bonnes pratiques locales et nationales, publiques et privées, pour les généraliser dès à présent au sein de la métropole et des 21 communes.
Collecter les bonnes pratiques, locales et nationales, publiques et privées, permet d’établir des plans de sobriété énergétique, visant à réduire les consommations de 10 % sur deux ans.
Cette approche fait écho à la demande de la première ministre qui a invité les administrations à montrer l’exemple. Nous avons constitué un groupe de travail, ce qui nous permet de publier une série de propositions. Nos recherches montrent que la mobilisation des collaborateurs, l’activation de mesures faciles à mettre en place, une action déterminée sur les comportements collectifs et individuels permettent d’atteindre entre 8 et 10% d’économie sur un an.
Dans les collectivités locales, très sensibles aux questions de sobriété énergétique, les mêmes résultats sont accessibles lorsque leurs exécutifs se saisissent sérieusement du sujet. Une bonne partie de nos propositions ne requiert aucun financement pour être mise en place, seulement un peu de courage politique et de volonté. Nous portons dans le débat public 25 propositions pour contribuer à court terme aux économies d’énergie et à la transition énergétique à plus long terme. Elles sont classées par horizons de mise en œuvre.
Mettre en place 10 mesures avant le 1er novembre 2022
- Limiter le chauffage des bâtiments publics. Revenir à des températures maximales de 19 degrés. Engager des discussions avec les syndicats (ville et métropole) afin d’identifier, par le dialogue, les espaces où la température pourrait être inférieure à 19 degrés (Ateliers où les agents exercent un effort physique, lieux de passage, …). 1 degré de moins, c’est une économie de 10 % sur la facture de gaz ou d’électricité.
- Arrêter le chauffage entre le 15 avril et le 1er mai dans les écoles, les gymnases et bâtiments des services sauf situation météorologique particulière : une date commune doit être fixée le 1er avril par l’ensemble des acteurs (Directeurs des services, Directeurs d’écoles).
- Supprimer l’eau chaude pour se laver les mains dans les administrations et bâtiments publics. La chaleur de l’eau contribue au confort, mais pas à l’hygiène. Un potentiel important d’économie d’énergie et d’eau est à portée de … main !
- Baisser de 1°C la température des piscines métropolitaines : 1 degré de moins pourrait représenter 10 % d’économie d’énergie. Les équipements nautiques sont les infrastructures les plus énergivores de la Métropole.
- * Expérimenter l’extinction de l’éclairage public en pleine nuit. En fonction de la commune, du quartier, des risques sécuritaires, les horaires peuvent varier mais une plage de 4 heures minimum chaque nuit est respectée. Cette mesure bénéfique pour réduire la consommation énergétique, l’est également pour le respect de la biodiversité. L’Action 25 du Schéma de transition énergétique et écologique de la Métropole reprend cette idée
mais sans définir des plages horaires. Il est question d’une « trame noire » avec des extinctions partielles de l’éclairage publique. Le calendrier indique 2024. On ne peut plus remettre à plus tard ce qui peut être fait aujourd’hui. - * Faire respecter la réglementation sur les enseignes lumineuses qui doivent être éteintes de 1h à 6h. Le code de l’environnement prévoit que c’est une prérogative du maire. Une brigade de soirée dotée d’un effectif plus adapté pourrait assurer cette mission. Il en est question dans le Schéma de transition énergétique et écologique de la
Métropole. - Limiter la durée des illuminations pendant les fêtes de fin d’année. Les commencer le 10 décembre 2022 au lieu du 19 novembre l’année dernière (soit une économie de trois semaines) et cesser les illuminations dès le 2 janvier 2023.
- Prendre en charge à 75 % du titre de transport pour les fonctionnaires de la ville et de la métropole (contre 50 % aujourd’hui) pour les encourager à abandonner la voiture individuelle au profit des transports en commun.
- Créer une indemnité kilométrique vélo (IKV) d’un montant de 0,25 € par kilomètre avec un montant maximum de 500 € par an et par employé. L’objectif est d’encourager l’usage du vélo en participant financièrement au transport des employés municipaux et métropolitains entre leur domicile et leur lieu de travail.
- Encourager le télétravail et la visioconférence en dotant les agents des outils numériques éco-responsable nécessaires et organiser le travail au niveau des équipes pour ne pas pénaliser le service aux usagers tout en limitant les déplacements quotidiens.
Note : Un * figure devant les mesures prévues le plan de transition énergétique et écologique métropolitain approuvé en 2019. Nous les avons classés dans ce chapitre car elles peuvent être mises en place sans délai.
Renforcer, dynamiser, accélérer les actions prévues dans le plan de transition énergétique et écologique métropolitain
approuvé en 2019.
Comme toutes les collectivités locales, Clermont Auvergne Métropole a formalisé, à la demande de l’Etat en 2019, un plan de transition énergétique et écologique. L’heure n’est plus aux petits pas, le contexte géopolitique tout comme les sécheresse et incendies de cet été en persuadent ceux qui n’avaient pas compris.
Nous devons viser une baisse de 50 % de la consommation énergétique d’ici 2030 au niveau métropolitain. Dans le Schéma de Transition Énergétique et Écologique de la Métropole, les élus de la majorité envisagent une baisse de 30 %, de la consommation énergétique en 2030par rapport à 2017. Cette cible n’est pas assez ambitieuse.
Nous attendons du président de la Métropole qu’il mobilise sans délai les collectivités pour renforcer, dynamiser et accélérer les actions prévues.
- Accélérer l’isolation des bâtiments. Le potentiel d’économies d’énergie le plus important se trouve dans l’isolation des bâtiments. Les plans de travaux actuels doivent être revus de façon à hiérarchiser les chantiers en fonction des économies d’énergie attendues. Le planning général des travaux doit être revu pour terminer plus tôt ces chantiers.
- Déployer des panneaux photovoltaïques sur les toits des bâtiments publics et des ombrières sur les parkings pour produire de l’énergie renouvelable. Les études sont beaucoup trop lentes et manquent d’ambition. Sans attendre toutes les conclusions, il existe des opportunités de commencer d’ores et déjà l’équipement de certains bâtiments et parkings.
- Structurer une analyse dynamique des consommations énergétiques par entité. Un suivi des consommations énergétiques a été mis en place. Ce n’est pas suffisant ! Inciter les fonctionnaires à identifier localement au niveau de chaque équipe des opportunités d’économie, ceci demande la formalisation d’une animation managériale sur le thème de la sobriété énergétique et un suivi régulier.
Anticiper des décisions, étudier des actions complémentaires pour une mise en place l’an prochain.
- Lancer un plan d’optimisation des surfaces de bureau de la ville et de la métropole pour abandonner les locaux mal isolés thermiquement et améliorer les conditions de travail des agents. Un tel plan est une source d’économie énergétique, mais aussi financière qui dégagera des budgets pour participer à la réalisation des travaux du plan de sobriété.
- Créer un plan métropolitain de covoiturage et de parkings-relais ambitieux dans le cadre du projet InspiRe. C’est l’un des oublis du projet Inspire, une de nos propositions anciennes et une recommandation de la commission d’enquête du Tribunal Administratif.
- Remplacer l’ensemble des chaudières thermiques avant la fin de l’année 2023 avec l’installation de chaudières à condensation. Les radiateurs doivent également être remplacés par des modèles plus efficaces et moins énergivores.
- Lancer une campagne de thermographie aérienne infrarouge afin d’identifier les pertes de chaleur dégagées par les toits de Clermont-Ferrand et de sa métropole. Cette campagne devra être rendue publique et les résultats facilement disponibles pour le public.
- Formaliser un plan de rénovation du marché Saint-Pierre : Isolation du bâtiment, système de chauffage et de climatisation, chambres froides pour concrétiser les économies d’énergies que permettent des équipements modernes. Diviser ainsi par deux la facture énergie du marché.
- Déposer un dossier de candidature à la labélisation « Capitale Verte Européenne » et viser le label Cit’ergie Gold pour profiter des expériences d’autres collectivités et mobiliser les équipes sur un objectif.
Agir sur les comportements citoyens par des actions renforcées de sensibilisation.
- Sensibiliser aux économies d’énergie tous les agents de la ville et de la Métropole grâce à des campagnes de communication et des actions managériales à l’aide des outils de communication interne existants.
- Former à l’éco-conduite les agents de la ville et de la Métropole qui conduisent un véhicule de service. Un conducteur adoptant des comportements vertueux économise jusqu’à 20% d’énergie.
- Sensibiliser à l’éco-conduite les citoyens de la métropole en utilisant les moyens existants : Campagne de vœux du maire sur les panneaux en ville, revue municipale, revue métropolitaine, sites internet, … Sensibiliser les enfants comme prévu dans le plan de transition énergétique et écologique métropolitain approuvé en 2019.
Joindre les actes aux paroles pour financer la transition.
- Arbitrer en faveur de la transition énergétique et écologique métropolitaine en faisant de vrais choix et en ayant le courage d’orienter les moyens financiers et humains disponibles vers cette priorité au détriment d’autres projets, moins vertueux, moins urgents, moins indispensables. Ceci vaut aussi bien pour les budgets de fonctionnement que ceux d’investissement.
- Gérer avec plus de rigueur les budgets de fonctionnement et d’investissement. Les niveaux de dépassement budgétaire observés sur la plupart des projets ne doivent pas être la norme. La totalité du dépassement reste à la charge de la ville et de la métropole car la mauvaise gestion ne conduit pas à des augmentations de subventions.
- Utiliser les financements nationaux et européens disponibles : la Première Ministre Elisabeth Borne a annoncé fin août 2022 la création d’un « Fonds vert » doté d’1,5 milliard d’euros destiné aux collectivités locales pour les aider dans l’accélération de leur transition écologique. De plus, Clermont Auvergne Métropole, n’ayant pas été retenue pour être parmi les 100 villes intelligentes et climatiquement neutres d’ici à 2030 malgré sa (discrète) candidature, recevra une aide de la Commission européenne qui a pris l’engagement de venir en soutien aux villes perdantes.